Chapitre 3. Sororité* : les femmes dans la ville
Être une femme est l'une des premières sources de discrimination en France. Beaucoup de gens ont le sentiment que les femmes ont tout conquis, et pourtant, il suffit de citer quelques chiffres pour mesurer l’ampleur de ce qu’il nous reste à accomplir : le différentiel de salaires est toujours de 20% en défaveur des femmes, 80% des emplois précaires sont occupés par des femmes ; une femme est violée en France toutes les dix minutes et 149 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2019 ; il y a 81,5% d’hommes sur les bancs de l’Assemblée nationale ; 80% des tâches ménagères sont encore le "privilège" des femmes, etc.
A Rennes, un travail de qualité en partenariat avec les associations a été mené depuis de nombreuses années et a fait avancer la cause des femmes. Nous devons poursuivre ce travail car rien n'est jamais acquis ! Mais cinquante ans après la naissance du MLF*, les causes féministes se sont renouvelées et diversifiées ; il nous faut reconnaître toutes les luttes dans leur diversité d'approches et philosophie et valoriser celles qui ont été longtemps minorisées, victimes de leur double statut de femmes et de femmes d'origine étrangère. L'égalité femme-homme doit désormais s'appréhender sous l'angle de l'intersectionnalité*.
Il nous faut aussi continuer à diffuser la culture de l'égalité dans tous les pans de la société rennaise comme le milieu de la culture, de l'entreprise en favorisant leurs projets et leurs initiatives partout dans les communes de la métropole et dans les quartiers rennais. Les femmes s'approprient également plus difficilement l'espace public où elles sont victimes de sexisme ou d'agressions. L'urbanisme et les aménagements dans les lieux et les espaces publics doivent aussi être pensés désormais pour et par les femmes. Enfin, la lutte contre les violences faites aux femmes continue à être une priorité, en lien avec les politiques nationales.
Nos engagements :
Pour mettre en place des dispositifs institutionnels de lutte contre le sexisme
Des leviers institutionnels sont à notre disposition pour lutter contre le sexisme, nous devons nous en saisir.
- Nous voulons tout d'abord un critère d'égalité femme-homme et de lutte contre les discriminations dans toutes les subventions que la Ville verse aux associations et entreprises. Les associations et entreprises seront accompagnées dans leur démarche par la charte d'engagement réalisée par la Ville de Rennes en matière d’écoresponsabilité*.
- Nous souhaitons promouvoir un réseau de “Partenaire Egalité” à l’image de la ville de Grenoble dans le milieu associatif, culturel et dans le monde de l’entreprise afin de constituer un réseau d’acteurs engagés sur le territoire dans la lutte contre les discriminations et pour l’égalité femme-homme.
- Nous voulons également mettre en place un budget genré* afin d’identifier les politiques où des rééquilibrages sont à faire.
- Nous travaillerons à amplifier le travail de féminisation des noms de rue afin de mettre en valeur les femmes qui ont compté dans l'histoire de notre ville et de valoriser le matrimoine* rennais.
Pour les agent.e.s
Le sexisme n’a pas sa place au sein des services de la Ville !
- Nous voulons une Ville et une Métropole exemplaires en matière d'égalité professionnelle et un management qui garantit effectivement l'équité entre femmes et hommes.
- Nous voulons poursuivre la formation à l'égalité et à la lutte contre le sexisme et le harcèlement au travail et poursuivre la mixité dans le recrutement des agent.e.s.
- Un numéro vert existe déjà au sein de la collectivité. Nous voulons que tout signalement fasse l'objet d'une prise en charge par la Ville et d'un accompagnement des victimes, en lien avec les organisations syndicales.
Pour les élu.e.s
Les femmes sont souvent sous-représentées en politique. Il existe pourtant des mécanismes pour améliorer leur représentation, nous voulons les activer.
- Nous demandons d'améliorer la parité dans les instances politiques et dans les « satellites » de la collectivité (sociétés publiques, office de l’habitat…) où siègent les élu.e.s
- Nous voulons proposer une indemnisation pour frais de garde d'enfants pour les parents élu.e.s au conseil municipal et au conseil de Rennes Métropole afin de favoriser l’engagement politique des femmes et des parents isolés. Cette mesure a déjà été mise en place à Rennes pour les agent.e.s. des deux collectivités.
Dans le monde culturel et sportif
Le monde culturel et sportif sont souvent éclaboussés par des scandales sexistes. L’égalité femme-homme ne doit pas être négligée dans ces domaines si nous voulons que tou.te.s puissent profiter des bienfaits d’une vie culturelle et sportive riche.
- Nous tirons les conclusions du rapport de l'association H/F Bretagne sur la place des femmes dans la création culturelle. Nous voulons valoriser la création féminine et la pratique féminine sportive amateure et de haut niveau et faciliter la place des femmes dans les instances décisionnelles et dans les associations.
- Nous voulons faire progresser rapidement l'égalité femme-homme par la mise en oeuvre de la charte de l’écoresponsabilité* des acteurs culturels et la conditionnalité des aides à l’égalité femme-homme.
- Nous voulons former à la lutte et lutter contre le harcèlement sexuel et toute forme de sexisme dans la vie culturelle et sportive.
- Dans le cadre du Conseil du sport rennais, nous voulons poursuivre le travail engagé sur l’égalité femme-homme et former aux pratiques non stéréotypées dans les clubs et fédérations sportives ;
- Nous soutiendrons l'essor du sport féminin (amateur et professionnel).
- Nous voulons développer la pratique du sport-santé très favorable aux femmes qui sont souvent plus éloignées de la pratique sportive.
FOCUS - Contre les violences faites aux femmes
Concernant les violences faites aux femmes, nous continuons le combat et assurons la solidarité à toutes les femmes vulnérables, quels que soient leur statut et leur nationalité.
- Nous voulons mettre à l'étude la création d'une Maison des Femmes, lieu qui accueillerait 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 les femmes en détresse et leurs enfants, en attendant de trouver une solution de logement plus pérenne. Ce lieu interprofessionnel, sur le modèle de la maison Citad’elles à Nantes, accueillerait des médecins et des travailleur.se.s sociaux.
- Nous voulons augmenter le nombre de logements réservés pour la mise à l'abri des femmes en danger ou vulnérables quel que soit leur statut (réfugiées, dublinées*, étrangères, françaises) ou pour éloigner rapidement les hommes auteurs de violence du domicile.
- Nous proposons de former les agent.e.s aux violences faites aux femmes , notamment celles et ceux qui sont en contact avec le public afin d’améliorer le repérage et l’orientation vers les services compétents. En particulier, systématiser la formation de la police municipale, notamment pour exercer leur pouvoir de verbalisation de l’outrage sexiste sur l’espace public.
Pour la prévention et éducation à la vie affective et sexuelle
En France, jusqu’à 16% de femmes subissent un viol ou une tentative de viol au cours de leur vie. Il est indispensable d’agir pour prévenir ces violences dans notre ville.
- Nous soutiendrons les associations de prévention du sexisme et du harcèlement en milieu festif et développerons les formations dans le milieu associatif étudiant et les actions d’éducation à la vie affective et sexuelle chez les jeunes.
Pour un urbanisme promoteur d'égalité
A cause du harcèlement de rue, de la peur d’une agression sexuelle ou encore parce qu’elles sont plus souvent accompagnées d’enfants, les femmes ne s’approprient pas l’espace public de la même manière que les hommes. Nous devons développer des outils pour comprendre leurs usages et besoins de la ville et orienter l’urbanisme en ce sens.
- Nous mènerons des marches exploratoires et réunirons des collectifs de femmes pour penser les projets d'aménagement dans la ville qui soient adaptés à leurs besoins.
- Nous favoriserons dans tous les quartiers des lieux de rencontre et d'échange dédiés aux femmes.
- Nous voulons généraliser les cours d'école et les espaces de loisir non genrés qui favorisent la mixité fille-garçons et les activités communes. Au même titre, nous voulons penser les espaces publics et les équipements accessibles aux femmes de tous âges.
*sororité : solidarité féminine, équivalent féminin de fraternité
*MLF : Mouvement de Libération des Femmes - mouvement féministe autonome et non-mixte né en 1970 qui revendique la libre disposition du corps des femmes, remet en question la société patriarcale
*intersectionnalité : cumul de discriminations d’origines multiples
*écoresponsabilité : volonté de limiter son impact sur la planète en prenant en compte dans les enjeux liés aux déchets, à l’énergie, à la pollution générée, aux émissions de gaz à effet de serre et à la consommation des ressources
*budget genré : budget qui permet d’analyser la part dédié à des projets favorables à la mixité ou aux femmes
*matrimoine : héritage culturel légué par les femmes, équivalent féminin de patrimoine
*dublinées : migrantes faisant l'objet d'une procédure de transfert ou "réadmission" vers un autre pays européen, là où ses empreintes ont été enregistrées pour la première fois