Discours du premier ministre : du flou, le social et l’environnement absents
Le Premier Ministre Édouard Philippe a annoncé hier à l’Assemblée Nationale une série de mesures devant accompagner le déconfinement après le 11 mai.
Nous ne pouvons qu’être inquiet.e.s de l’absence totale de réponses sociales aux difficultés des français.es. Cette crise, comme toutes les crises, accentue gravement les inégalités. Elle va amplifier fortement le chômage et les situations de précarité. Et aucune nouvelle mesure n’est annoncée. Le gouvernement n’a que faire de la situation des chômeurs, des personnes pauvres, des jeunes précaires, des quartiers populaires... A quand des mesures fortes pour l’égalité ? Ici à Rennes, nous proposons sans attendre d’organiser la mise en œuvre d’un revenu minimum garanti pour éliminer la grande pauvreté et assurer à chacune et chacun de quoi vivre dignement.
La stratégie de réouverture des écoles ne peut aussi que nous inquiéter. Ce qui doit motiver selon nous une réouverture des écoles c’est bien l’égalité d’accès à l’éducation. Le gouvernement propose une réouverture basée sur le volontariat, caractéristique d’une vision très libérale de l’école, et motivée surtout par la reprise économique. Il restera encore une fois aux collectivités locales d’organiser au mieux l’accueil des élèves. Pour nous, la réouverture des écoles devrait reposer sur des critères éducatifs et sociaux, et tous les moyens devraient être mis en œuvre pour contacter et accueillir en priorité les élèves décroché.e.s, ne disposant pas de l’environnement nécessaire à un enseignement à distance, et les élèves les plus en difficultés qui ont un énorme besoin d’école réelle, de la maternelle au lycée.
Enfin, nous ne pouvons accepter les orientations de soutien économique prises ces derniers jours. Après les décisions des préfet.e.s de déroger à certaines règles environnementales au nom du « business as usual », le gouvernement continue sur sa lancée en annonçant des plans de soutien de 7 milliards pour Air France et 5 milliards pour Renault. Bien sûr l’ensemble les salarié.e.s, quelques soient les entreprises, méritent d’être sauvés, mais il est toujours surprenant qu’il soit possible de dégager de telles sommes pour des secteurs particulièrement climaticides quand les grandes ambitions pour la transition énergétiques en France attendent toujours. Ces soutiens ne sont assortis d’aucune condition sociale ou environnementale.
Il est toujours surprenant d’annoncer de telles sommes quand dans le même temps les millions d’emplois de la culture, le million et demi d’emplois associatifs, le commerce ou la grande majorité des TPE ne bénéficient que de quelques dizaines de millions d’euros de soutien. Ici à Rennes, il nous faut absolument éviter de reproduire ces mêmes erreurs. C’est pourquoi nous souhaitons organiser un « Conseil Local de la transition », c’est à dire un processus de coopération réunissant actrices et acteurs économiques, citoyen.ne.s et associations pour définir la conditionnalité des aides publiques et les priorités économiques, sociales et environnementales de notre territoire.
Matthieu Theurier et Priscilla Zamord