Pour une économie au service de la vie : réflexions de Matthieu Theurier
08/04/2020

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Pour une économie au service de la vie

Chaque jour la liste des victimes du virus s’allonge. La moitié de la population mondiale vit confinée. La pandémie de Covid-19 exige une immense mobilisation quotidienne pour sauver des vies.

A plus long terme, elle exige aussi des réponses fortes pour les entreprises et les milliers de salarié.e.s qui connaissent le chômage partiel ou les licenciements. Si l'on considère le lien avéré entre pandémie et destruction de la nature, l’action dans tous les domaines, et en particulier auprès des entreprises, doit construire le monde d'après. Et il est grand temps de faire les bons choix ! Vous me permettrez de livrer ici quelques éléments de réflexions.

Nous ne voulons pas d’un énième « plan de relance » qui poussera encore un peu plus les limites d’une machine économique destructrice des humain.e.s et leur environnement. Il y a les décès du Covid 19, il y a ceux de la pollution de l’air – 45 000 en France chaque année – il y a ceux des contaminations aux pesticides, il y a ceux des canicules... Toutes ces vies méritent de la même façon d’être sauvées. Notre objectif ne doit pas seulement être de gérer au mieux les crises, mais d’abord de les éviter.

Pour cela, il s'agit d'orienter l’action publique à bon escient. Depuis longtemps les solutions sont connues. Lors de la crise financière de 2008, le Président Sarkozy avaient commandé plusieurs rapports pour orienter le plan de relance économique de l’époque. On pouvait y lire qu'un million d'euros d'argent public investi dans la construction d'une route créée en moyenne 5 emplois, 14 emplois s’il est investi dans la transition énergétique, et 25 emplois dans le domaine de la solidarité (comme par exemple le développement des services hospitaliers). L’action publique aurait dû alors s’orienter vers l’environnement et la solidarité. On se souvient qu’il n’en fût rien et l’on connaît aujourd’hui les conséquences de ces choix inefficaces. La légèreté des décisions passées est aussi forte que l’est notre colère aujourd’hui.

Il nous faut encore combattre celles et ceux qui veulent « continuer comme avant » . A notre échelle, celle de Rennes Métropole, nous pouvons agir. Les mesures d’urgence, comme celles de long terme, doivent construire une économie au service de la vie.

Faire des entreprises des alliées du climat. Les aides économiques de Rennes Métropole doivent permettre de transformer nos entreprises pour qu’elles soient des moteurs de la lutte pour le climat comme du progrès social. Éco-construction, santé, déplacements écologiques et énergies renouvelables, économie sociale et solidaire doivent devenir le fer de lance de nos politiques industrielles.

Relocaliser plutôt que rayonner, coopérer plutôt que concentrer. C’est certainement là la plus grande leçon de la crise sanitaire : la mondialisation nous fragilise. En matière d’alimentation, de santé, d’énergie… le local est primordial. C’est une nécessité pour maîtriser la production de nos besoins premiers. Et l’augmentation importante de la demande pour une alimentation locale montre que les Rennaises et les Rennais ne s’y trompent pas. Elle démontre d’ailleurs aussi la nécessité d’une coopération entre territoires urbains et ruraux.

L’égalité comme nécessité. C’est là l’autre enseignement du confinement : nos besoins les plus essentiels sont fournis par des salarié.e.s sous payés et déconsidéré.e.s. Caissières, agriculteurs, infirmières et aides soignantes, sapeurs-pompiers, éboueurs… sont des métiers vitaux mais exercés dans des conditions indignes. Il est temps de travailler pas à pas à l’égale dignité de toutes et tous.

Préserver nos biens communs. Oui le service public est un service pour nos vies ! De Sarkozy à Macron en passant par Hollande se sont des milliers de lits d’hôpital qui ont été supprimés au nom du « sérieux budgétaire ». Nous les pleurons aujourd’hui. Depuis six ans les élu.e.s écologistes proposent la mise sur pied d’un schéma métropolitain des services publics pour s’assurer d’une bonne couverture de l’ensemble de la population en matière de santé, d’éducation, de solidarité. Il est temps là aussi de le mettre en œuvre.

L’urgence sanitaire est là. Le changement climatique amènera malheureusement d’autres crises. Parce que nous ne nous résignons pas à subir, nous faisons le choix de construire une alliance entre économie, solidarité et préservation de l’environnement. C’est la seule voie possible pour pouvoir sortir de la crise plus fort.e.s et plus résilient.e.s.

Matthieu Theurier